L'édito du mois

L’EPOPEE DES NOMS DE RUES

À Toulouse les voies publiques n'ont de noms officiels que depuis 1806, lorsque le Conseil Municipal a décidé de les munir de plaques indicatrices. Leur particularité est de s’orienter par rapport à la Garonne. Les rues parallèles à la Garonne se verront ainsi dotées de plaques jaunes, les rues perpendiculaires recevront des plaques blanches. Des exemplaires sont exposés dans notre musée.

À Toulouse, comme ailleurs, on n’a pas attendu le XIXe siècle pour donner un nom aux rues. Certaines ont reçu, dès le moyen âge, un nom généralement lié aux lieux desservis, aux usages ou aux métiers. Rares sont celles qui ont conservé leur nom d’origine car la ville se structure, les activités et les métiers évoluent voire disparaissent. Le nom va accompagner ces changements et va donc muter au cours des siècles 

Mais à partir du XVIIe siècle on passera de la dénomination médiévale fonctionnelle et populaire à une dénomination qui n’aura plus de rapport direct avec le lieu désigné ou l’activité à quelques exceptions près : La rue Pargaminières, liée à la production de parchemin, a conservé son nom malgré l’extinction de cette activité.
La révolution apportera aussi son lot de changements de noms qui n’auront qu’une vie éphémère et seront remplacés, parfois pour revenir au nom antérieur, parfois pour changer à nouveau… Le XIXe siècle marquera, de son côté, la diversification des noms de rue, choisis pour témoigner d’évènements historiques importants ou pour honorer des personnalités pour leurs services rendus à la collectivité ou pour leur notoriété.
Toulouse a suivi ce parcours. Mais comment ne pas se perdre dans ce dédale, certaines rues ayant changé jusqu’à 10 fois de nom ? Grâce au travail des historiens. À Toulouse, Jules Chalande sera le premier à s’être intéressé au sujet. Il publiera, en 1919, Histoire des rues de Toulouse, fruit d’un travail acharné d’examen des cadastres anciens et des registres municipaux. Le manuscrit de l’ouvrage, propriété des Toulousains de Toulouse a été déposé aux archives municipales pour des raisons de bonne conservation. À sa suite Robert Mesuret, Jean Coppolani et Pierre Salies apporteront bien des années plus tard un éclairage plus contemporain. Leur travail à tous aura fait la lumière sur huit siècles d’histoire de nos rues.
Aujourd’hui, à Toulouse comme ailleurs on ne change plus le nom des rues et on fait une place aux noms de femmes !

Bonne lecture de notre Auta de ce mois
Aline Tomasin