hotel Dumay
L'hôtel Dumay
Situé au cœur de la Cité, à quelques mètres du cardo maximus romain (axe Nord-Sud), et une centaine de mètre du Capitole, l’hôtel Dumay fut construit entre 1590 et 1610.
Depuis le grand incendie de 1463 qui a ravagé une grande partie de la cité médiévale, le centre de la ville s’est transformé : de nombreux hôtels particuliers fleurissent dans la ville rose : ils sont l’œuvre des riches marchands de pastel, des capitouls, des parlementaires…
L’hôtel Dumay quant à lui est bâti par un médecin de renom : Antoine Dumay.
Aujourd’hui l’hôtel Dumay qui abrite le musée du Vieux-Toulouse permet aux visiteurs d’appréhender l’histoire de la ville, son urbanisation, son architecture, ses monuments disparus, ses institutions, ses académies, sa vie artistique et culturelle, ses traditions populaires…
Paule Soulé (1896-1970), Hôtel Dumay, aquarelle, 27 x 35 cm, don de Paul Mesplé en 1969, © Musée du Vieux-Toulouse (Inv. 69.4.1).
Jean Rème (1882-1941), Hotel du capitoul Dumay XVIIe siècle, dessin, 1911, 63 x 48 cm, © Musée du Vieux-Toulouse (Inv. 40.1229).
Pierre Médard, Vieille maison à Toulouse rue du May, aquarelle dédicacée à Rozès de Brousse, 1912, 50 x 35 cm, don de Joseph Rozès de Brousse, © Musée du Vieux-Toulouse (Inv. 003.0.64).
Pierre Médard, Vieille maison à Toulouse rue du May, 7, aquarelle dédicacé aux Toulousains de Toulouse, 1912, 35 x 27 cm, © Musée du Vieux-Toulouse (Inv. 12.5.1).
Paul Mesplé (1896-1982), La cour de l’hôtel Dumay, couverture du numéro de L’Auta consacrée au musée en août 1955, © Musée du Vieux-Toulouse (Inv.57.8.2).
Georges Castex (1860-1943), Vue de la cour de l’hôtel Dumay, dessin à la plume, vers 1920 – 1930, © Musée du Vieux-Toulouse (Inv. 80.1565).
L'hôtel Dumay en 1939, cliché de Félix Bastide.
Le puit de l'hôtel Dumay par Noël Faure, fusain, XIXe s.
La cour de l'Hôtel Dumay par Prat en 1995.
Classement sur la liste des Monuments Historiques
Ce classement concerne les façades sur rue et sur cour ainsi que les toitures par arrêté du 21 juin 1950.
Inscription sur la liste supplémentaire des Monuments historiques
Ce classement concerne l’intérieur de l’hôtel par arrêté du 7 avril 1992.
Historique de l'hôtel
Ayant acquis une position enviable et une fortune confortable, Antoine Dumay décide de se construire un hôtel particulier à la place de la maison que sa femme lui a apporté en dot. Peut-être agrandit-il ce bien à partir de 1577 par l’acquisition de maisons ou de terrains dans l’angle que font les rues Serminières ou Cervinières (aujourd’hui rue Saint-Rome) et Pélégantières (aujourd’hui rue du May) où sa femme possédait déjà quelques biens immobiliers. La partie la plus ancienne de l’hôtel est construite entre 1585 et 1600 mais les remaniements ultérieurs sont nombreux. Il semble qu’à l’origine l’accès de l’hôtel pouvait se faire aussi depuis la rue Saint-Rome. Un problème de voisinage nous fait connaître le nom du maître-maçon Aysselier qui est requis pour une expertise, c'est peut-être lui qui a bâti l’hôtel Dumay.
La façade sur cour, en entrant sur le côté droit, est la plus ancienne ; on remarque le linteau à accolade gothique d’un soupirail et les fenêtres à encadrement de pierre à agrafes godronnées. A l’extrémité de cette façade, une tour carrée avec sa tourelle découronnée contient un escalier au noyau monoxyle comprenant 67 marches desservant les différents niveaux. Elle est couverte d’un toit en terrasse. La porte d’entrée est surmontée d’une plaque où est gravée la devise du maître des lieux : Tempore et Diligentia. Autrefois, au-dessus de l’entrée, il y avait une tête de femme en marbre antique qui a été déposée lors de la restauration et conservée depuis dans les collections du musée
Les façades sur cour, du côté de la rue et du côté gauche sont plus récentes que le corps du côté droit. Elles ont été construites par Antoine Dumay, le fils aîné du médecin régent et sont donc postérieures à 1611. Elles sont portées par des arcades de briques moulurées reposant sur des chapiteaux doriques portés par des colonnes en marbre. Les clefs sont ornées d’un blason surmonté d’un cabochon hémisphérique sur cuir découpé et entre les arcs des tables de marbre sont disposées dans un encadrement. Le blason conservé sur les arcades du côté gauche porte les armoiries d’Antoine Dumay fils : d’azur, à un tronc d’arbre écoté d’or posé en fasce, chargé d’une hure de sanglier de sable, accompagnée de trois étoiles d’or, posées deux en chef et une en pointe. Au second étage de l’entrée, une croisée à meneau et croisillon et deux fenêtres à croisillons de pierre. La surélévation d’un étage sur la façade côté rue masque en partie une tourelle d’angle.
A gauche, la galerie du premier étage était vitrée, lors d'une restauration récente elle a été remise en son état primitif. Sa couverture est supportée par des piliers alternant briques et blocs de marbre taillés en pointe de diamant. Elle était surmontée au second étage par une autre galerie moderne qui a été elle aussi supprimée.
La façade en fond de cour est postérieure au corps de gauche et ne présente aucun ornement de pierre mais au premier étage des ouvertures cintrées et moulurées. Sous la galerie, on peut voir un puits dont la ferronnerie provient d’un immeuble voisin.
L’hôtel demeure dans la famille Dumay jusqu’en 1728, il est ensuite morcelé entre différents propriétaires et, depuis cette époque, l’accès ne peut plus se faire par la rue Saint-Rome.
Au début du XXe siècle, l’hôtel est en mauvais état, ses murs sont recouverts d’un crépi lépreux, la cour est enlaidie, encombrée d’appentis en planches servant de remises pour les marchands du marché de la place du Capitole et l’escalier desservant les étages menace ruine.
L'hôtel est acquis en 1914 par le docteur Siméon Durand qui entreprend de le faire restaurer. La restauration réalisée à l’époque peut être critiquée sur certains points mais elle a au moins le mérite d’avoir été faite.
Le Dr Siméon Victor Durand et son épouse Marthe Durand née Talmier font donation de l’hôtel à l’association des Toulousains de Toulouse par acte notarié du 25 février 1946 et acte public du 22 octobre 1947 ; donation acceptée par le conseil d’administration dans sa délibération du 17 octobre 1947 et finalement c’est par un décret ministériel du 9 mars 1948 que l’association (reconnue d’utilité publique depuis le 10 juin 1927) est autorisée à accepter cette donation. Conformément aux volontés du donateur l’immeuble est affecté à l’installation de son siège social, de la bibliothèque et des collections de l’association présentées dans le musée du Vieux-Toulouse. En réalité, la donation se fait en deux étapes. Dans un premier temps, la donation comporte une réserve de jouissance pour le donateur, ce qui est légitime mais est en contradiction avec la législation des associations. Par la suite, elle est remplacée par un nouvel acte de donation ne comportant que la réserve de la jouissance de l’appartement du donateur. A l’époque, plusieurs locataires habitaient les lieux et l’association ne pouvait jouir que de la salle Pierre-de-Gorsse au rez-de-chaussée qui était utilisée pour les conférences. Au fil des départs ou des décès des locataires, le musée s’installa dans les pièces libérées et s’agrandit peu à peu.
Dans la cour, près de l’entrée, une plaque est apposée le jeudi 1er juillet 1948 en reconnaissance de la donation effectuée par le Dr Durand, membre d’honneur du conseil d’administration. Cette cérémonie a lieu avec le concours de l’amicale des Commerçants et Artisans de la rue Saint-Rome et de la rue des Changes.
Antoine Dumay et sa famille
Au n° 7 de la rue du May, à deux pas de la place du Capitole, l’hôtel se signale par un haut mur de briques surmonté d’une tourelle visible depuis la rue. L’accès à la cour intérieure se fait par une porte cochère cintrée et une porte piétonnière. Il a été construit par Antoine I Dumay, médecin de la reine Marguerite de Navarre. Il lui prodiguait soins et conseils pour sa santé et la conseillait dans la gestion de son patrimoine.
D’une famille bourguignonne anoblie en 1387, Antoine I naît vers 1550 à Beaune (Côte d’Or), ville restée célèbre pour son Hospice et ses vins. Ses parents sont Guichard, contrôleur des deniers communs de la ville, et Guye Le Belin décédée vers 1588. C’est à Montpellier dont la faculté est très réputée qu’il vient faire ses études de médecine sans doute influencé par son oncle médecin Claude Le Belin. Il a deux soeurs et deux frères : Pierre, conseiller du Roi au baillage de Beaune, qui meurt jeune, et Jean, seigneur de Saint-Aubin et de Gamay en Bourgogne.
Il obtient son baccalauréat de médecine en 1569 et s’installe à Toulouse. Il épouse une veuve aisée, Jeanne du Cayla, en 1575 ; originaire de Montricoux en Quercy, elle était veuve d’Augier Toron, neveu et héritier du capitoul Pierre Toron. L’héritage est important et comporte des parts dans les seigneuries d’Auribail et de Lagardelle-sur-Lèze (Haute-Garonne), plusieurs métairies et une maison rue Servinières (aujourd’hui Saint-Rome).
En 1588, il est nommé professeur à la faculté de médecine, titulaire de la chaire d’hygiène thérapeutique, succédant à ce poste à Augier Ferrier, son voisin qui habitait rue Saint-Rome. Peu après, il devient le médecin personnel et le conseiller de Marguerite de Valois, sœur d’Henri III et première épouse d’Henri de Navarre, futur Henri IV, comme Augier Ferrier avait été médecin de Catherine de Médicis. A l’époque la faculté de médecine était établie non loin, rue des Lois.
Toute sa vie Antoine Dumay sera un homme d’affaires avisé, accroissant considérablement son patrimoine immobilier. De son union naquirent plusieurs enfants, seuls survécurent Antoine II, Paul, conseiller au Parlement de Dijon et Jacques, écuyer, seigneur de Burguerolles et capitoul (La Daurade) en 1655 chargé des réparations. Les autres enfants sont enterrés dans la chapelle Saint-François du couvent des Grands-Cordeliers où il possède un caveau. Antoine II est docteur et avocat, il se marie en 1598 avec Catherine de Bodet, fille d’un lieutenant en la temporalité de l’archevêché de Toulouse ; capitoul (Saint-Etienne) en 1601 chargé des hôpitaux et conseiller au Parlement en 1629. On lui connaît deux enfants : Jean-Antoine et Marie, religieuse qui fait son testament en 1632.
Revenons à Antoine I. Sa devise Tempore et diligentia est gravée dans la cour au-dessus de la porte d’entrée.
Peu avant sa mort, il révoque les quatre testaments qu’il avait successivement rédigés et meurt ab intestat. Dans sa succession, il y avait notamment deux chaînes en or, l’une pesant 140 écus et l’autre ornée de marguerites et de M entrelacés, dons de la reine Margot et que ses testaments destinaient à ses fils, la première à Paul et la seconde à Jacques. Ces cadeaux doublement royaux accréditèrent la rumeur qu’il n’avait pas été que son médecin ; en tout cas la reine Margot le tenait en grande estime. Il meurt en 1611.